C'est la fin des éditeurs. Devenus de simples marchands, ils n'ont plus notre confiance et la technologie nous en dispense. Ce tableau de Tiepolo fils invite à leur tourner le dos. Grouillot de son célèbre père pendant des années pour brosser des tableaux académiques sans âme, Giandomenico Tiepolo a pris sa mesure après la mort du père, osant des fresques "impubliables" à son époque. A l'imposteur succèda un vrai artiste.

vendredi 10 avril 2015

Un expresso, s'il vous plaît !

Sans sucre ou avec sucre? Avec encre, papier et couverture en couleur... C'est une grosse machine à café, mais elle est capable de vous fabriquer un livre de 200 pages le temps... de boire un expresso sans sucre ou avec sucre! Elle s'appelle Espresso Book Machine (EBM), fabrication Xerox. Elle a été présentée cette année au Salon du Livre de Paris, par les Presses Universitaires de France.

Imaginez-la dans votre librairie. Bonjour, Monsieur le libraire, je voudrais l'édition originale des "Misérables", s'il vous plaît. Pas de problème, vous quittez la librairie cinq minutes plus tard avec l'ouvrage sous le bras – un clone de la vraie édition originale. Vous pouvez aussi apporter les mémoires de votre grand-mère sur une clé USB et en commander pour toute la famille.

La machine coûtant 70.000 €, c'est encore un scénario de fiction, et la question des droits de reproduction n'est pas prête d'être réglée (surtout en France, où les éditeurs commencent à peine à s'intéresser à l'ebook). Il n'y a qu'une soixantaine d'EBM au monde, principalement dans les bibliothèques universitaires anglo-saxonnes.

Mais la "révolution numérique" n'a pas fini de nous surprendre. Pourquoi pas, un jour, l'EBM pour tous, à côté de l'imprimante classique? En tout cas, le prix de la machine baissera énormément avec (et pour) l'extension du marché et risque d'être assez vite à la portée d'une librairie importante.
Nous vivons une belle et fascinante époque décadente!

jeudi 2 avril 2015

Si vous voulez éditer le livre du "siècle"...













Connaissez-vous le cercle appelé « Le Siècle »? Non, bien sûr, vous ne faites pas partie du gratin politique, économique et médiatique. qui se rassemble pour un dîner, le quatrième mercredi de chaque mois, depuis cinquante ans. Serge July, David Pujadas, Arlette Chabot, Michel Field, Christine Ockrent, Laurent Joffrin, PPDA, Franz-Olivier Giesbert, etc. y côtoient Guillaume Pépy, Alain Minc, Jean-Claude Trichet, Ernest-Antoine Seillière, Arnaud Lagardère, Nicole Notat (oui, oui, la syndicaliste!), Maurice Levy (Publicis), Jack Lang, etc. etc.

C’est le moment, pour les neuneus, de sortir le carnet d’autographes ou, pour les plus conscients, de lancer une bombe. Ils sont tous là, de tout bord, pour papoter, pour mieux se connaître, n’est-ce pas… Les journalistes peuvent bien prétendre qu’ils ne font que leur métier, qui est de récolter des informations, mais il y a une règle implicite, dans ce cercle : rien de ce qui se dit (et se trame) ne doit sortir d’ici !
Le « marché » du journalisme – l’expression est de Serge Halimi, dans son livre "Les nouveaux chiens de garde" – est trusté par une poignée de journalistes vedettes qui font allégeance, grenouillent dans tous les bénitiers, mangent (royalement) à tous les râteliers, avec des salaires  vingt fois supérieurs au SMIC – sans compter les « ménages », terme qui désigne, dans le jargon du milieu, leurs prestations publicitaires (pourtant contraires à la déontologie). Constat marxiste de base : ils n’ont pas intérêt à ce que ça change. Ils ont même intérêt à défendre ceux qui remplissent leur gamelle. Chiens de garde ! Si vous voulez éditer le livre du "siècle", il vous faudra accéder à ce chenil de luxe (cravate exigée, jean interdit)…

PS (Post Scriptum s'entend!). Pour en savoir plus sur cette mafia en costume trois pièces, lire l'article du Figaro "Enquête sur les cercles et les lieux de pouvoir" et surtout "Les nouveaux chiens de garde", livre et film.